Une personne sur dix dans le monde aurait vécu une expérience demortimminente (EMI), selon une nouvelle étude présentée lors du dernier congrès de l'Académie européenne de neurologie à Oslo (Norvège). Les principales composantes du phénomène sont la sensation de flotter au-dessus de son corps, d'apercevoir une lumière au bout d'un tunnel, de ressentir un grand bien-être ou de rencontrer des proches disparus… Elles sont rapportées par des personnes ayant été confrontées à un danger mortel (arrêt cardiaque, traumatisme cérébral ou chirurgie lourde) ou non (sommeil, prise de drogue, méditation, syncope).
Nature and Science news:"Avez-vous vécu une expérience de mort imminente ?"
Pour obtenir ce chiffre surprenant, les neurologues Daniel Kondziella, professeur à l'université de Copenhague (Danemark), et Jens Dreier, professeur de neurologie expérimentale à l'hôpital universitaire de la Charité de Berlin (Allemagne), ont posé la question"avez-vous vécu une EMI ?" à 1.034 personnes de 35 pays. En cas de réponse positive, l'EMI a été validée, ou non, grâce au formulaire en 16 questions (et 32 points) appeléGreyson Near-Death Experience Scale(GNDES). Mis au point en 1983 par Bruce Greyson, professeur de psychiatrie à l'université de Virginie (États-Unis), il permet de conclure à une EMI à partir de sept points. Les scientifiques ont également passé en revue 42 études jugées les plus sérieuses de ces cinq dernières années. Résultat : l'EMI n'aurait pas de scénario chronologique fixe. Et, contrairement au ressenti le plus fréquent, certaines seraient extrêmement déplaisantes ! Ce serait le cas de 14 % d'entre elles selon l'analyse de 123 récits d'EMI, réalisée en 2019 par Héléna Cassol et ses collègues du Coma Science Group du CHU de Liège (Belgique). Ainsi huit étaient dites inversées - présence des éléments du scénario mais avec un vécu désagréable -, l'une "vide" avec un sentiment de grand isolement, et huit autres "infernales", les patients disant avoir rencontré des "êtres horribles" !
L'origine de ces états de conscience serait à chercher dans la biochimie du cerveau. C'est ce que montre une expérience inédite d'injection de deux drogues chez des volontaires sains, la kétamine (un anesthésiant puissant) et la DMT (diméthyltryptamine). Celles-ci provoquent en effet des EMI, selon deux essais cliniques contrôlés, menés en 2018 à l'université Columbia (États-Unis) d'une part et à l'Imperial College de Londres (Royaume-Uni) associé au Coma Science Group d'autre part.
Nature and Science news: Les neurones protégés par une substance inconnue
Les scores obtenus par les volontaires au questionnaire GNDES ont atteint en moyenne 10,7 points avec la kétamine et 13,3 avec la DMT, équivalente au score moyen obtenu pour une EMI après arrêt cardiaque (13,3)."La drogue mime les effets subjectifs de l'EMI", souligne Charlotte Martial, neuropsychologue au Coma Science Group. Sachant que la DMT est produite naturellement par l'épiphyse de notre cerveau en cas de fort stress, peut-être est-ce elle la responsable ? Las !"La DMT est produite en trop faible quantité,explique Charlotte Martial, qui suit une autre piste prometteuse. Il a été montré, chez le rat, qu'un stress cérébral, comme le manque prolongé d'oxygène, provoque la sécrétion d'un neurotransmetteur excitateur, le glutamate, qui se fixe sur des récepteurs desneurones(N-méthyl-D-aspartatique/ NMDA). Or ce sont ces mêmes récepteurs qui fixent la kétamine." Ainsi lorsque le cerveau est en danger, une substance endogène ressemblant à la kétamine, non encore identifiée, l'inonderait pour bloquer les récepteurs NMDA et protéger ainsi les neurones du glutamate, délétère à forte dose. Ce qui aurait pour conséquence de déclencher les symptômes d'une EMI. Une hypothèse qui reste à confirmer.
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